Promis.A.L-Echec

Il y a des Mots qui Remontent sur La Peau.

Jeudi 22 août 2013

 

 J'ai tellement toujours appris à tout tolérer, que je ne sais jamais si mon mal être est justifié. Mon père m'a appris à tolérer son abandon et sa trahison, en me faisant croire que rien ne changerait. Ma mère m'a appris à tolérer ses sautes d'humeur, en se montrant vulnérable et en provoquant ma pitié, sans le vouloir. En fait, ils m'ont appris à tolérer n'importe quelle merde, en rationalisant ou en montrant que ça pourrait être pire. Ça aurait pu être bien, on pourrait croire que c'était un bon moyen de me rassurer. Mais on ne rassure pas une gamine en soulignant "qu'il vaut mieux un papa vivant qu'un papa mort", ou en pleurant, hurlant, insultant, histoire d'exprimer ses propres émotions négatives, tout en oppressant, et en rendant incapable de vraiment extérioriser ses propres ressentis. Ils m'ont toujours montré que j'avais tort. Alors putain, comment voulez-vous que je ne me sente pas fautive, que je ne me sente pas coupable de toute cette sensibilité ? Parce que malgré la bonne volonté de mon père, je me suis sentie abandonnée, parce que même si j'ai vues les douleurs de ma mère, je me suis sentie désespérée. Et je me suis détestée pour ça. Je n'ai jamais appris à considérer la souffrance, l'humiliation, la vexation, comme des ressentis censés vouloir dire que quelque chose est mal passé, que quelque chose n'as pas été accepté. Je n'ai jamais pris ça comme des choses justifiées, j'ai jamais osé croire que j'avais raison. J'ai toujours été leur petit défouloir muet, leur truc servile qui ne sait jamais si toutes ces choses sont normales.  Je n'ai jamais réussi à être en colère contre quelqu'un. Au mieux, certains peuvent m'agaçer, mais à chaque fois que j'ai été furieuse, j'ai retournée ma colère contre moi-même, par sentiment de culpabilité, par peur de faire du mal, physiquement ou moralement, et parce qu'on ne m'a jamais dit que mes émotions avaient le droit d'exister. C'est comme ça qu'il y a quelques années je me retrouvais à déchirer ma peau à grands coups de cutter. Par pure incompréhension. Pour me punir de ressentir ces choses, alors que tout le monde autour de moi semblait si normal. Et finalement, ça a fonctionné comme ça avec toutes mes émotions. Noyer la tristesse sous des litres d'alcool et faire taire ces blessures avec la ritaline. Au final, j'ai perdu, ils ont gagnés. J'ai jamais su trouver quoi que ce soit de bénéfique dans tous ces ressentis, j'ai jamais su m'émanciper de toutes ces merdes pour vivre, en étant complètement moi. Même s'ils disaient que je pouvais extérioriser, ils ne le voulaient pas. Ça aurait créés trop de nouveaux problèmes. Ils ont gagnés parce qu'aujourd'hui encore, j'essaie d'être ce défouloir,  si fragile, si pathétique, mais toujours tellement humble et débonnaire, garni de bonnes intentions, prêt à sacrifier sa propre existence, tant qu'on y trouve une quelconque utilité.

 

Et c'est tellement injuste, de naître, puis de se faire détruire par les autres, et de devoir tout régler seul. Ça devrait être à eux de réparer leurs erreurs.

Dimanche 18 août 2013

Je n'ai pas pensé à écrire ici à quel point ça m'a fait du bien de voir P., oui j'ai vu P., enfin. Et on s'aime. C'est beau, je crois. C'est la seule chose qui me fasse du bien aujourd'hui. Je sais que je ne serais rien à l'heure actuelle sans lui. Et il me dit que c'est réciproque. J'ai tellement envie d'être avec lui, tout le temps. C'est dingue, j'ai toujours su, depuis que je le connais, que je ne trouverais jamais quelqu'un d'aussi bien que lui. Même quand on n'était qu'amis, je ne pouvais pas me résoudre à l'oublier. Ça fait maintenant 5 ans qu'on se connait, qu'on discute, qu'on rit, qu'on souffre aussi parfois, à cause de toutes les merdes qui arrivent, même si l'on tente de survivre tant bien que mal. Toutes les rares choses que j'aime dans la vie je peux les retrouver en lui, les passions, les projets, les amusements. J'ai parlé avec ma mère tout à l'heure, je ne sais plus pourquoi, mais on a parlé de mon père. - Je crois que ton père, inconsciemment, ne veut pas être heureux, m'avait-elle dit. - Pourquoi ? avait-je répondu, curieuse, sachant que j'éprouve ce même sentiment, cette peur constante du bonheur. - Parce qu'il a toujours vécu comme ça. - Qu'est-ce qu'on fait pour les gens qui ne veulent pas être heureux ? - Rien, on ne peut pas aller contre la volonté de quelqu'un. - Et eux, qu'est-ce qu'il font de leurs vies ? - Rien, ils restent juste avec leur présence. Rien de plus triste que ça. Je me sens bloquée. Ensuite je lui avais demandé combien de temps mon père avait été "normal", sachant qu'ils avait vécu ensemble pendant 18 ans. Elle m'a répondu 4 ans, ou 5. Ce qui veut dire que mon père a commencé à déconner à ma naissance. Depuis toujours, je m'étais convaincue que même si je ne m'en souvenais pas, j'avais du vivre quelques instants de bonheur. Mais non, ma vie a toujours été garnie de souffrance. Tout a toujours été instable. Je n'ai jamais été heureuse. Je me suis pointée au mauvais moment, comme si j'étais arrivée dans une mauvaise soirée où tout le monde s'embrouillait déjà. J'aurais voulu avoir le choix. J'aurais aimé pouvoir leur dire que je repasserai plus tard, j'aurais aimé pouvoir leur dire "bon, bah je vous laisse, à plus tard". Mais non. J'ai du être là, quand même, au moment où tout se pétait la gueule, au moment où tout a basculé, au moment où tout a commencé à se déteriorer. Témoin involontaire du crime. J'ai fermé les yeux quand je le pouvais, j'ai allumé la radio tous les soirs pour couvrir les cris, j'ai serré fort ma peluche dans mon lit, tard le soir, j'ai pleuré seule dans l'incompréhension. Toujours. J'ai survécu, et personne ne sera jamais là pour me dire "bien joué, tu as fait preuve de courage, tu as été forte", comme L. l'a dit. Pas de récompense. Je ne suis pas devenue plus forte ou plus belle après les crises de panique et la dissociation mentale. Je ne suis pas plus lucide ou plus proche de la vérité. Je suis juste plus fragile et faible, à mesure que le temps passe. Et j'oublie, j'oublie mes anciennes ambitions, j'envie tous ceux qui ont des rêves, moi je ne bouge pas.

<< Avant | 1 | Après >>

Créer un podcast