« La première fois que j'ai lu
Emma Goldman, c'était pas
dans un livre. J'avais 16 ans
j'étais allé trainer près de la
frontière du Nevada. La cita-
tion était peinte sur un mur
en lettres rouges. Quand j'ai
lu ses mots, j'ai eu l'impres-
sion qu'on me les arrachaient
du plus profond de mon esprit...
"L’anarchie symbolise la libération de l’esprit
humain de l’aliénation de la religion, la libé-
ration du corps humain de de la domination
de la propriété, la libération des chaînes qui
nous lient à l’oppression des gouvernements.
Elle défend un ordre social fondé sur la libre
asssociation entre individus."____
Over The Pond ~ The Album Leaf ♪
Le concept était pur, simple, vrai. Il m'a inspiré. Il a allumé en moi le feu de la révolte. Mais finalement, j'ai appris la même leçon que Goldman, Proudhon et bien d'autres. Que la véritable liberté s'aquiert au prix de sacrifices et souffrances. La plupart des hommes croient vouloir être libres mais la vérité est qu'ils se complaisent dans le carcan de l'ordre social, des lois rigides et du matérialisme. La seule liberté à laquelle l'homme aspire réelement c'est celle du confort materiel. »
____________Je me sens dingue. Prise d'insurrection intérieure, les poumons en feu. Lève la tête petit, lève la tête et regarde ces masses blanches dans le ciel, admire ces formes si bien dessinées et le contraste avec ce ciel bleu. Contemple les couleurs de la vie, un peu plus bas, la verdure pleine de gaieté, la beauté que si peu de personnes réussissent à apercevoir, hélas. Chanceux que nous sommes, nous continuons à nous plaindre, tous en choeur. Regarde, regardez comme les paysages bourdonnent. C'est fou. Si seulement. Si seulement. La clé serait de parler de soi, ma vie me semble si banale, alors je rêve, je rêve d'une autre vie, accompagnée de personnes magnifiques, accompagnée d'amour, de joie, de liberté, accompagnée de beauté réelle. Je ne suis pas quelqu'un qui cherche à se prendre la tête pour les bêtises de la vie, pour un peu de jalousie, pour les infimes choses qui me gênent chez les autres, chez les gens que j'aime. Je suis prête à faire des efforts sur moi-même, le jeu de celui qui fera plus souffrir l'autre ne m'intéresse pas, les conflits m'ennuient. Il y a tant d'autres moyens pour se sentir exister, se sentir vivre. Les précieux moments avec quelques amis, la beauté qu'offre le monde, les mots prononcés, les sourires partagés. Je tente de ne pas m'emmurer dans ma haine, dans ma rage, dans mes peurs, mes angoisses. Même si je ne suis pas en mesure de me sauver totalement de moi-même, je suis un tourbillon, je m'enfonce seule dans les abîmes. J'espère que quelqu'un pourra me secourir. J'attends beaucoup des autres et j'essaie de ne pas céder à ma plus grande crainte : perdre les quelques personnes que j'aime. Je vois partout, dans tout et n'importe quoi, des signes qui prouveront que je suis seule, des choses qui n'existent pas réellement, j'en ai conscience. J'ai toujours l'impression de perdre, je suis toujours sur la défensive et ça gâche tant. J'envisage toujours que du jour au lendemain je perde tout, que je perde l'affection que j'ai reçue. Et je suis quelqu'un remplie de haine, et surtout d'amour pour certains individus. La frontière en haine et amour est si mince. Je rêve. Je ne sais pas si j'atteindrais la trentaine, l'avenir est tellement incertain. Je ne veux pas grandir. Je passe ma vie à essayer de trouver ce qu'il me manque, ce qu'il me faut. Je me demande si je veux réellement combler ce vide qui grandit, ce vide qui me tort de douleur, toujours. Un vide si dur à remplir, mais je ne veux pas, je ne peux pas le remplir, tu sais ce que s'est, je voudrai toujours plus. Je pense à P. et je ne sais plus rien, je suis perdue. Je ne pense presque plus autres personnes, de toute façon, l'année prochaine, je n'en verrai quasiment plus aucun. C'est bien beau ces grandes promesses, non, non, nous ne perdrons jamais contact. Nous ne faisons qu'un, nous, c'est pour la vie... Bien sûr. Pour chacun d'entre nous, ce sera la même chose, comme chaque année, on fera mine de vouloir remonter en arrière, et puis on se sentira sincère au début. Au final, on se rendra compte que les choses ont changées, que les choses n'arrêtent pas de changer, de se mouvoir. On découvrira de nouvelles personnes qui nous semblerons toujours plus géniales à chaque nouvelle année. Puis la plupart ne se rendra compte de rien, le cycle de la vie, de la vie d'aujourd'hui. Nous ne serons jamais que de vulgaires bouts de plastiques à recycler tous les septembres. Et le temps passera, on oubliera tous ces visages qui prennent de la place dans nos crânes. Je deviens de plus en plus désagréable avec tous, ce n'est pas ce que je voulais, je me vois changer à ma plus grande surprise, et je deviens ce que je n'aurai jamais voulu être, je ne sais pas comment m'extirper de ma propre erreur. Les conséquences sont grandes, j'ai peur qu'à cause de tout ça, je m'écarte par la suite de mes propres valeurs, convictions, principes. Je crains tellement le changement et je ne sais pas qui je suis, qu'est-ce je fais ici, et pourquoi. Et c'est la base, je crois que dès lors où l'on commence à se poser ces questions classiques, on est amené par la suite, soit, à d'autres ignobles interrogations, soit à une sorte d'acceptation de notre propre condition, certains n'essaient même pas d'être maîtres de leurs vies, ils subissent simplement, sans rien penser. D'autres tentent de trouver une réponse dérisoire, sans vraiment creuser, ils tentent de se convaincre que c'est ça, la grande vérité puis ils passent à d'autres choses qu'ils croient importantes, mais ce n'est une belle insulte quant à nos existences à tous, et surtout, à celle de celui qui tente pathétiquement de se mentir en s'inventant une vérité qui ne lui correspond pas, il croit être enfin libre, se croyant victime d'une révélation. Mais la folie le gagne si jamais il revient sur ces propres réponses, la folie le gagne s'il se rend compte de ses erreurs. Vivre en suivant la logique d'une vérité qui n'est que mensonge, ça rend dingue, ça rend fou. On est perdu. Mais s'il ne se se décide pas à revoir ses jugements, c'est ce type de gens qui se sentira supérieur après, ce qui est assez paradoxal, car finalement il n'aura pas cherché à se battre psychologiquement contre lui-même, il n'aura cherché qu'à fuir la difficulté en trouvant quelque chose susceptible de le tromper lui-même, et il deviendra certainement un de ces vieux cons insupportables. Ce genre de personnes me révulsent au plus au point, c'est si petit de croire que l'on peut échapper à tout ça en prenant un raccourci. Puis il est si triste de voir chaque jour autant de gens qui ne pensent même pas à eux, au bonheur qu'ils pourraient vouloir atteindre, au bonheur qu'ils pourraient au moins rêver. Ils passent à côté de belles choses, il est si triste d'observer leur bêtise, si triste de voir autant de résignés. Moi, j'ai choisi sans le savoir, sans m'en rendre compte, la première solution, celle de toujours plus se rendre dingue soi-même. Mon quotidien, c'est ça, me poser des questions parfois semblants être absurdes, et essayer de trouver la vérité. Je ne sais ni ce que je fais ici, ni ce que je suis censée faire. Je ne le sais pas, simplement car rien dans les conneries qu'on me propose ne m'intéresse, voilà, la réponse est subjective, on est là pour ce que l'on veut, ce qu'on aime, ceux qu'on aime. Alors on est là sans raison si l'on n'aime rien.