____________ Je ne m'émeus presque plus de la beauté. Les choses qui me touchent, je ne les comprends même plus. Mes émotions sont innapropriées, éxagérées, ou bien encore inexistantes. Plus j'y réfléchis, plus je me rends compte à quel point je ne fais rien comme il le faudrait. On s'étonne que je reste calme, ou au contraire, on s'offense que je m'irrite. Je me perds dans les regards. Puis, je ne dis rien, je laisse couler, ça ne m'atteind pas, jusqu'à l'explosion. Déflagration tantôt consciente et atténuée, tantôt totalement laissée libre à elle même, meurtrière. Et alors, les gens me voient différemment, comme s'ils ne perdaient jamais le contrôle. Je hais ça, perdre le contrôle, mais je suis humaine. Je détèste ça aussi, ça m'oblige à appartenir à une grande catégorie, à un rang inférieur. Je récolte des informations subtilement, pour savoir comment les autres réagiraient à ma place, et là, là je saisis. Illumination, flash, révélation. Le problème, c'est que contrairement aux autres, je privilégie la raison au cœur, mais que le cœur l'emporte toujours. Je trouve ça terrifiant. L'un des principaux traits de l'humain, ce qui le différencie de la machine, c'est les émotions, les putains de sentiments, l'eau qui coule dans ce putain de canal nasolacrymal. Et tout ça chez moi, est soit contrôlé, soit aléatoire. C'est enfoncé et noyé, je sers cet organe vital jusqu'à ma propre asphixie. Mais parfois, il n'y a pas de raison, je m'attache, je souffre et je m'étonne toute seule; il y a également des jours où je ne supporte rien, j'éxècre chaque cellule à vouloir en pleurer. La sensibilité accentuée et pourtant si invisible, si translucide, finalement, c'est exactement ça. Il y a chez moi des choses bien trop humaines, et d'autres incompréhensibles, trop calculées, robotisées. L'impression d'avoir tout déréglé, d'avoir débranché des fils puis de les avoir mal rebranchés en ayant souhaité me trafiquer. Il ne fallait peut-être pas mélanger ça, j'ai peur de tout faire sauter aujourd'hui. Je ne suis plus en accord avec les pensées des gens qui m'entourent, je crois. Leurs réactions me semblent dérisoires, ma perception des choses est troublée par leurs émotions. Des choses à laquelle je ne penserais même pas, d'infimes détails les font s'indigner et éclater. Ils deviennent méchants et vicieux pour quelques choses qui me sont imperceptibles. J'aimerais qu'ils m'expliquent en quoi ça les touche, mais voilà, le ressenti ne s'explique jamais, je ne saurais jamais, je resterais toujours à l'écart dans les abîmes, avec mes pleurs, mes rires, ou bien ma haine. Je serais dans un putain de trou avec tout mon amour. Je suis un monstre, à force de répéter des réactions, chaque jour, à grands coups de réalité, là, bien derrière ma tête, voilà ce qui se passe : on finit par répliquer silencieusement, et c'est tout.
Le propre de l'homme, certes ce sont les émotions, mais c'est aussi le raisonnement. Donner trop la parole à l'un ou à l'autre vous déséquilibre !