Tu te lèves, et tu te douches, et tu zappes quelques chaînes et y'a que d'la merde et tu bouffes, et tu fais la vaisselle, ton bol, ton assiette, et tu repenses à la veille, tu baisses la tête, et tu regardes par la fenêtre, gris est le ciel.
La lumière d'aujourd'hui ne sera pas substantielle, t'es une putain de plante t'as besoin de photosynthèse, t'as besoin de soleil car t'es d'la putain de glaise. Dans ta chambre tu pinces ton ventre, t'as d'la putain de graisse, tu sais pas quoi te mettre, tu prends une petite de veste.
Tu sais pas où tu vas ni ce que tu fais, tu sens ton cœur rétrécir, devenir un fruit sec, parce que t'es vide, t'es vide, t'es t'es t'es vide.
Ils appellent ça la déprime, mais c'est pire, c'est comme si c'était dans l'air ou peut-être que c'est l'époque, peut-être est-ce le pays et nos petites vies en toc. Un avenir sombre, lourd comme du plomb, des envies d'en finir en millièmes de secondes, et parfois la mort veut fort te faire l'amour, elle te prend de force, elle te fait même pas la cour.
Alors tu figes cette idée, tu la chasses comme un démon, t'inspires beaucoup d'air et tu le bloques dans tes poumons, et tu te sens vide, t'es vide, t'es t'es t'es vide, t'as beau te remplir de ces choses que t'ingurgites, que tu regardes, que tu lis, que tu penses que tu dis, tu te sens vide, t'es vide, t'es t'es t'es vide.
Et puis t'as un tas de trucs à régler, de temps en temps t'aimerais prendre le temps de prendre le temps. Mais pour te réparer tu tournes, tu tourne-vice, des petits délices, tu broies du noir amer comme la réglisse.
C'est bon sur le coup c'est vrai que c'est cool, que ça glisse, et les matins froids, à force ça coule, ça glace, et tu zig zagues, et tu divagues, ta vie en roue libre, le cerveau tourne comme une dynamo.
Grandis le cynisme, il puise, diminue l'Amour, le péssimisme devient ton ossature, t'entoure comme un hula hoop, t'encercle comme saturne, et tes idées tournent en boucle, la valse du bouc, Ibliss se frotte les mains, un nouveau dans le groupe, gobe ton âme comme un œuf, ne reste que la coquille vide, t'es vide t'es vide t'es t'es t'es vide.
Et tu marches dans ta tête comme un zonar, et pour toi les soirs ne sont que des matinées. Ça résonne dans ta tête comme un sonar, à chaque fois que coulent les gouttes du robinet.