Promis.A.L-Echec
Il y a des Mots qui Remontent sur La Peau.
Samedi 10 décembre 2011
C'était donc cela dont je rêvais. Toi et moi, un "nous". Les "nous" sont partout, chacun en possède un, je trouve ça troublant. Mais le notre aurait été bien mieux. J'avais imaginé, des journées typiques, pleines de rien, et des nuits à attendre le soleil, ensemble. Rien de tout cela n'est vrai. Je crée un avenir à partir d'un passé commun. Je me serais levée un matin, avec toi à mes côtés, comme si ça aurait été normal, je ne veux pas croire que ça l'aurait été. Si ceci se réalisait, je voudrais pouvoir m'émerveiller chaque matin, simplement me rendre compte de ma chance. Je me serais réveillée et je t'aurais contemplé une éternité. J'aurais pu ne vivre que de ça, le bonheur aurait siégé en nous. Je me serais finalement redressée puis levée, du côté gauche. En face de moi, un meuble, tout ce qu'il y a de plus banal, à droite, une baie vitrée cachée par des rideaux encore fermés. Déjà 13 heures. Comment ça "déjà" ? Rends toi bien compte qu'il y a quelques années tes matins débutaient à 16 heures. Nous avons aujourd'hui toute la journée devant nous, toute la nuit. Je me serais levée, me dirigeant vers la porte, en face, mais un peu sur la gauche. Encore à gauche, se trouverait la salle de bain et les toilettes et deux autres chambres, devant moi, la salle à manger-salon. Oui, quelle imagination. Avant d'aller m'asseoir sur le canapé, je serais passée par la salle de bain, une douche ou un bain, peu importe. Je serais enfin allée m'assoir, devant une télévision banale, feuilletant quelques magazines inutiles, contemplant de temps à autres les vestiges de la veille. Trois ou quatre mégots de joints, des bouteilles éparpillées dans la pièce, des pâtes trop cuites et des cendriers pleins. Le canapé se trouvant sur la gauche en partant de la chambre, j'aurais tourné la tête vers la droite, il y aurait une grande table, et encore une baie vitrée un peu plus loin, donnant sur un balcon. J'aurais allumé une cigarette en me dirigeant vers celui-ci, et j'aurais admiré le paysage, peut-être pas si beau à première vue, mais symbolisant cependant, pour moi, cette précieuse victoire sur mon enfance. J'aurais fumé ma cigarette, lentement, savourant chaque bouffée meurtrière et frissonant lorsque le vent soufflerait un peu trop fort. Je serais rentrée dans la chaleur réconfortante d'une vie à deux. J'aurais au moins un chien, un gros de préférence. Nous vivrions en colocation, avec des amis communs. Et tout le monde s'entendrait à merveille. En face de la baie vitrée, se trouverait la cuisine, pas réellement spacieuse, mais assez pour que tu puisses cuisiner tout ce que tu voudrais. A droite de la table, se trouverait l'entrée dans notre monde, derrière la porte se trouverait les escaliers. Ce matin là, je me serais préparé un café, en attendant avec le plus de patience possible ton réveil. Tu dormirais mieux qu'avant bien sûr, et serais, je l'espère, un peu plus heureux. J'aurais bu mon café silencieusement, presque le sourire aux lèvres. Les rayons du soleil frapperaient à la fenêtre de notre existence, comme s'il voulait y pénétrer, et goûter au bonheur, simple, beau. J'aurais alors entrouverte une des grandes portes vitrées. Je serais restée quelques instants dans le silence de la pièce, et puis, toi, le grand toi, serais entré, toujours merveilleux. Tu aurais illuminé la pièce, par ta simple entrée, le soleil n'aurait pas pu te concurrencer. Mon cœur aurait été broyé de joie. Je t'aurais vu, là, beau, fier et fort, t'appuyant sur ton passé. Je t'aurais aimé plus que ma victoire qui me semblerait tout à coup dérisoire face à toi. Tu aurais esquissé un léger sourire en me voyant. J'aurais apprécié l'instant en prenant soin de le graver dans ma mémoire. Pour toujours. Histoire d'en faire quelque chose d'intemporel. Nous aurions été heureux, je crois. Nous aurions certainement été plus forts en tout cas. Mais non. Je me suis réveillée et ai été écrasée par la folle réalité. Nous ne sommes pas vraiment deux. Le "nous" n'est pas présentement pas envisageable. Il y a elle, et je suis loin.
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